C'est la nouvelle que j'ai entendue comme dans un mauvais rêve ce matin en me brossant les dents. Je dis cela parce que c'était une journée comme les autres, routinière, et que tout d'un coup je me suis mise à réfléchir à cent milles à l'heure à ce suicide qui remet en question la littérature d'autofiction.
Je m'explique.
Écrivaine québécoise ayant soulevé les passions avec ses romans Putain et Folle, Nelly Arcan avait le potentiel d'une auteure à contre-courant, très intuitive et redoutablement brillante. Je n'ai rien lu d'elle, mais plutôt beaucoup lu sur elle; son personnage dégageait une maîtrise du style et une audace éloquentes. De la partie d'entrevue visionnée sur le site web de TV5, j'ai découvert une écrivaine posée et informée, avec ses convictions, qui savait ce qu'elle faisait et pourquoi elle le faisait.
Qu'une écrivaine de 35 ans qui connaît le succès et croit en la vie se donne la mort sans qu'il n'y ait de signe avant-coureur est une coïncidence qui ne peut pas exister. Et si l'absence de signes avant-coureurs était justement le signe avant-coureur?..